La Bronchiolite, c’est quoi ?
En quelques chiffres
Chaque hiver en France, près de 500 000 nourrissons de moins de 2 ans contractent une bronchiolite. Même si elle reste la plupart du temps bénigne, cette maladie est devenue un véritable problème de santé publique.
Quelques chiffres:
– la bronchiolite du nourrisson touche 30% des nourrissons ;
– parmi les cas de bronchiolite ayant eu recours aux urgences :
– 30% des cas sont survenus chez les enfants de moins de 3 mois
– 58% chez les enfants de moins de 6 mois,
– 90% des nouveaux-nés de moins de 1 mois et 73% des nourrissons de 1 à 2 mois ont été hospitalisés.
– Le taux d’hospitalisation de bébé de moins d’1 an atteint environ 18% en France chaque année
– la majorité des bronchiolites sont anodines: 95 % d’entre elles se soignent à la maison / l’enfant guérit en général dans les 5 à 10 jours après le début de la maladie ;
– dans plus de 80 % des cas, le virus responsable de la bronchiolite est le VRS (Virus Respiratoire Syncytial). Mais la bronchiolite peut également être secondaire à un autre virus, ou d’origine bactérienne.
– selon l’Institut de Veille Sanitaire, dans 59 % des cas, les nourrissons hospitalisés pour bronchiolite sont des petits garçons.
– enfin, selon le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) « chaque année on enregistre moins de 10 décès liés à la bronchiolite à VRS chez des nourrissons de moins de 1 an ».
Les principaux symptômes
La contamination par le VRS (Virus Respiratoire Syncytial) se manifeste d’abord par un simple rhume et une toux qui peuvent évoluer vers une bronchiolite entraînant des difficultés à respirer, des sifflements, une gêne respiratoire et parfois des troubles de l’alimentation selon l’état de bébé.
Plusieurs symptômes peuvent caractériser une bronchiolite à VRS:
• un nez qui coule
• des difficultés respiratoires
• une respiration bruyante, et souvent sifflante
• la toux
• Bébé respire plus vite que d’habitude
• des difficultés à s’alimenter
• un sommeil agité, difficile
La durée de l’épisode de bronchiolite est d’environ une semaine à 10 jours, même si la toux persiste souvent quelques semaines.
Conduite à tenir
1/ Prendre RDV chez son médecin généraliste / pédiatre
Si votre bébé présente des signes que vous supposez être une atteinte respiratoire à type de bronchiolite, votre premier réflexe doit être de consulter votre médecin généraliste ou votre pédiatre. Ne vous rendez surtout pas directement à l’hôpital. Votre médecin pourra évaluer l’état de votre enfant et proposer une prise en charge adaptée: lavage du nez au sérum physiologique, paracétamol si Bébé a de la fièvre. La plupart du temps, si le médecin décèle une bronchiolite il prescrira à votre enfant des séances de kinésithérapie respiratoire.
2/Les séances de kinésithérapie respiratoire
(au cabinet du kinésithérapeute de préférence) :
Le premier traitement de la bronchiolite est la kinésithérapie respiratoire, qui est indiquée pour la grande majorité des enfants. Quelques séances suffisent souvent à retrouver un bon état respiratoire et à écarter la menace de l’hospitalisation.
Elle permet notamment de dégager les voies aériennes supérieures de Bébé en faisant remonter les sécrétions bronchiques. Bébé respire, dort et mange mieux.
Elle se décompose en plusieurs techniques, que votre kinésithérapeute utilisera ou non selon l’état de votre enfant:
– lavage ou désobstruction du nez par instillation de sérum physiologique et mouchage. La technique de lavage sera apprise aux parents.
– désencombrement bronchique: permet d’amener les sécrétions dans la trachée, de provoquer la toux et de favoriser l’évacuation des sécrétions.
– toux provoquée: déclenchement du réflexe de toux.
Les séances quotidiennes de kinésithérapie respiratoire permettent la surveillance de l’évolution de la bronchiolite et l’éducation des parents dans le cadre de la prise en charge de cette maladie.
3/ Les bonnes pratiques / Comment soulager efficacement mon bébé ?
– Désencombrez plusieurs fois par jour le nez de Bébé, particulièrement avant les repas et le sommeil (votre kinésithérapeute peut vous montrer la technique si vous n’êtes pas à l’aise avec ces gestes)
– Lavez-vous soigneusement les mains, et changez régulièrement de vêtements pour ne pas transmettre le virus: le virus se transmet par la salive, la toux, le linge et les objets souillés.
– Veillez à ne pas maintenir Bébé dans une chambre trop chauffée (T° à 19°C maximum) ou trop sèche (vous pouvez humidifier l’air avec un humidificateur d’air).
– Pensez à aérer sa chambre au moins 1h par jour, de préférence tôt le matin ou tard le soir
– Bébé est couché sur le dos, pas trop couvert. Vous pouvez placer un oreiller sous son matelas pour lui permettre de mieux respirer
– Fractionnez les repas (donnez à manger plus souvent, en plus petites quantités)
– Faites lui boire régulièrement des biberons d’eau pour prévenir la déshydratation
– Evitez le contact avec d’autres nourrissons.
– Si vous êtes malade vous-même, évitez le contact rapproché, n’embrassez pas votre bébé sur le visage ou les mains, ou mettez un masque
– Abstenez-vous absolument de fumer en sa présence, dans le logement ou la voiture ou de le tenir avec des vêtements imprégnés de l’odeur du tabac
En cas de besoin ou de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou votre kinésithérapeute !
4/ Quand revoir mon médecin généraliste / pédiatre ?
La bronchiolite à VRS a dans la majorité des cas une évolution bénigne et ne nécessite pas systématiquement une hospitalisation.
On notera toutefois certains signes de gravité qui devront conduire à une consultation de façon urgente, voire à une hospitalisation si l’état de bébé le nécessite :
• Bébé ne s’alimente pas du tout ou très peu
• Bébé perd du poids et montre des signes de déshydratation: yeux cernés, fatigue …
• changement de comportement de Bébé (agitation, irritation, somnolence…)
• L’état respiratoire de Bébé se détériore: extrémités bleues, respiration très rapide, augmentation du rythme cardiaque…
• persistance de la fièvre (> 38.5°)
5/ Quand aller aux urgences (Hôpital) ?
Seulement 5% des bébés ayant une bronchiolite nécessiteront une hospitalisation.
Il est indispensable de consulter les urgences pédiatriques si:
– il a moins de trois mois, et plus particulièrement les nourrissons de moins de 6 semaines
– votre bébé de moins de 9 mois est né prématurément
– il a une maladie cardiaque ou pulmonaire
– ses défenses immunitaires sont diminuées
– la déshydratation est confirmée par le médecin prescripteur
– Bébé a une mauvaise saturation: la mesure de la saturation en oxygène du sang est mesurée devant l’apparition des signes d’alerte par un professionnel de santé qui déterminera si oui ou non Bébé doit être hospitalisé
Suite à l’évaluation médicale de Bébé aux urgences pédiatriques, une hospitalisation de court séjour peut être faite également pour :
– solliciter un avis médical afin d’éviter l’évaluation par soi-même de la gravité de la maladie, au risque de passer à côté d’un signe d’alerte.
– effectuer une évaluation prolongée notamment pour les nourrissons à terrain particulier.
– faire passer au nourrisson un cap difficile lors de la période où les signes atteignent leur pic d’intensité
6/ Comment prévenir la Bronchiolite ?
La bronchiolite est contagieuse et peut se transmettre directement, par les sécrétions bronchiques (éternuements, postillons, toux, mouchage…) ou indirectement, par l’intermédiaire des mains ou d‘objets souillés par la salive (jouets, linges de toilette, aliments ou boissons contaminés…).
Pour limiter la propagation de la bronchiolite au sein de votre famille et de la collectivité, prenez quelques précautions :
– lavez-vous les mains à l’eau et au savon fréquemment, avant et après chaque contact avec
votre enfant ;
– apprenez à vos enfants à se laver les mains correctement ;
– n’échangez pas les biberons, les sucettes et les couverts au sein de votre famille ; nettoyez-les et séchez-les tout de suite après les avoir utilisés ;
– évitez d’embrasser votre enfant sur le visage et dissuadez-en ses frères et sœurs, s’ils fréquentent une collectivité en période d’épidémie ;
– si vous êtes enrhumé(e), portez un masque pour protéger votre bébé ;
– aérez la chambre de votre enfant tous les jours et maintenez une température inférieure à 19°C ;
– nettoyez le nez de votre enfant lorsqu’il est atteint de rhinopharyngite
– évitez de l’emmener dans des lieux publics où il pourrait être en contact direct avec des personnes enrhumées (transports en commun, centres commerciaux, hôpitaux…) ;
– ne l’exposez pas à un environnement enfumé.
7/ Des réponses à vos questions :
Tous les bébés attrapent ils une bronchiolite ?
On estime qu’un nourrisson sur deux contractera une bronchiolite avant l’âge de 2 ans. La raison est simple: le VRS est souvent retrouvé dans les rhumes de l’adulte, fréquents en période hivernale épidémique (d’Octobre à Mars/Avril). Chacun devient alors un vecteur potentiel de contamination du virus, les bébés étant particulièrement sensibles car ils sont particulièrement novices vis-à-vis de ce virus et que leurs bronches sont en cours de développement. On estime que 90% des nourrissons de moins de 2 ans ont déjà été en contact avec le virus de la bronchiolite, sans pour autant développer systématiquement la maladie.
Comment protéger mon bébé de la bronchiolite ?
Veillez à protéger Bébé de tout contact avec des personnes enrhumées ou présentant un état grippal. Respectez des mesures d’hygiène simples: un lavage des mains rigoureux avant et après les soins de bébé; et au retour de chaque sortie vous ayant mis en contact avec des personnes potentiellement porteuses de virus (lieux publics, transports en commun, travail…).Il n’existe pas de vaccin ayant cliniquement fait ses preuves pour protéger Bébé de la bronchiolite. Toutefois, pour certains bébés très fragiles (prématurés, malformation cardiaque ou bébés de moins de 3 mois), il existe des mesures de prévention plus spécifiques: des injections pour diminuer le risque de contracter une bronchiolite.
Comment nettoyer le nez de mon bébé ?
Je lave le nez de mon enfant en quatre étapes
1/ J’allonge mon bébé sur le dos, tête tournée sur le côté.
2/ Doucement, je dépose quelques gouttes de sérum physiologique dans la narine située le plus haut par rapport à la position de mon bébé.
3/ Je veille à ce qu’il déglutisse correctement.
4/ J’essuie son nez à l’aide d’un mouchoir jetable.
Je répète ensuite cette opération sur l’autre narine en tournant sa tête de l’autre côté.
Je peux, si Bébé est encombré, compléter ce nettoyage de nez par un mouchage : mouche-bébé ou techniques apprises chez mon kinésithérapeute, à la PMI, à la maternité ou à la crèche.
N’hésitez pas à vous rapprocher de ces professionnels : ils sont là pour vous apprendre les gestes simples qui soulageront votre bébé !
Quand il l’a attrapée une fois, est-il immunisé ?
Il n’existe pas d’immunité contre le VRS: bébé peut ainsi faire plusieurs bronchiolites (dues au VRS ou à d’autres virus). Bébé peut également présenter des signes de rechute d’une bronchiolite qui vient d’être guérie: réactivation de la toux, réapparition des symptômes … Dans le doute, consultez votre médecin traitant !
La rechute est elle inévitable ?
Pour protéger Bébé contre toute rechute ou nouvelle contamination, veillez à respecter les conseils suivants:
• ne pas embrasser Bébé sur le visage ou sur les mains;
• maintenir une hygiène des mains irréprochable (lavage des mains, solution hydro-alcoolique…) ;
• aérer le logement et ne pas le surchauffer (18 – 19°);
• bien nettoyer le nez de Bébé en cas de rhume (avec du sérum physiologique et un mouche bébé);
• ne pas échanger les tétines et petites cuillères d’un bébé à un autre ;
• ne pas fumer en présence de l’enfant, dans le logement ou dans la voiture.
Mon bébé a attrapé une bronchiolite, va t’il devenir asthmatique ?
L’infection à VRS présente, dans certains cas, le risque de développer une hyperréactivité bronchique. Certains nourrissons pourraient, en effet, présenter suite à une bronchiolite à VRS, des épisodes récurrents de sifflements lors de la respiration. Le VRS augmente le risque pour ces enfants de présenter pendant les premières années de vie, des sifflements respiratoires répétitifs, en particulier lors des rhumes,
Dès le troisième épisode de sifflement, un asthme peut être suspecté.
Ce risque diminue néanmoins avec le temps pour disparaître à l’âge scolaire (5-6 ans) ou à l’adolescence.
Liens et données utiles
Bibliographie
– Conférence de consensus : Prise en charge de la bronchiolite du nourrisson. Recommandations ANAES, septembre 2000.
– Bourrillon A : Bronchiolites aiguës du nourrisson. La revue du praticien 2007 ; 57 (15 novembre) : 1902-08.
– D’après la communication de Gold F. Bronchiolite à virus respiratoire syncytial : formes respiratoires sévères observées chez les nourrissons hospitalisés. Archives de Pédiatrie 2006 ; 20 : S8-S11
– « La bronchiolite, qu’est-ce-que c’est ? ». INPES Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.
– Recommandations du groupe de travail de pneumologie pédiatrique : « Traitement de la bronchiolite aiguë du nourrisson ». Paediatrica 2003 ; 14(6) : 22-5.
– Leruez-Ville M : « Diagnostic virologique des infections respiratoires ». Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 2006 ; 46 : 538-42.
– Freymuth F et al: « Moyens diagnostiques des infections virales respiratoires aiguës hautes et basses. » La revue du praticien 2007 ; 57 (15 novembre) : 1876-81.
– Chevret L, Mbieleu B, Essouri S et al. Bronchiolites en unité de réanimation pédiatrique: facteurs pronostiques et devenir respiratoire des nourrissons ventilés. Archives de pédiatrie. 2005;12 :385-90
– Fauroux B, Clément A. Infection à virus respiratoire syncytial : quels sont les risques à court et plus long terme ? Virologie. 2003;7:S156-61
– Magny J-F, Moriette G. Prématurité : Pourquoi et comment préserver la relation maman / bébé ? J Pédiatr Puericulture. 2009;22 :310-3
– Richet-Mastain Lucile, division Enquêtes et études démographiques, Insee. Bilan démographique 2005, En France, la fécondité des femmes augmente toujours. Paris, janvier 2006, n°1059
– Blondel B, Supernant K, Du Mazaubrun C, et al. Enquête nationale périnatale 2003, Situation en 2003 et évolution depuis 1998. Paris, INSERM, 2003.
– Grimaldi M. Etude prospective régionale d’une épidémie de bronchiolites à virus respiratoire syncytial (VRS) Arch Pediatr 2002;9:572-80
– Floret D. Physiopathologie de la bronchiolite à VRS chez les enfants à risque d’infections sévères. Réalités Pédiatriques 2002;Supp73:7-10
– Bourbon J. Développement alvéolaire normal et pathologique (revue). Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique. 2005;45:503-508
– Marchac V. Prévention des bronchiolites à virus respiratoires syncytial. Arch Pediatr. 2006;13:S12-S17
Lexique
Bronchiolite : Inflammation aiguë des bronchioles évoluant vers une détresse respiratoire (souvent chez les enfants de moins de 2 ans).
Bronchiole: fine ramification terminale des bronches
Sécrétions: mucus produit par les poumons
Augmentation du flux expiratoire: cette technique permet, grâce à l’expiration passive réalisée par les mains du kinésithérapeute sur le thorax et l’abdomen du nourrisson, de mobiliser les sécrétions et de permettre leur évacuation
Rhinopharyngite: la rhinopharyngite est un rhume qui s’étend aux fosses nasales postérieures et au pharynx. Ses symptômes: nez qui coule, difficultés pour avaler, toux sèche, fond de gorge rouge
VRS: le Virus Respiratoire Syncytial est le virus respiratoire impliqué dans la bronchiolite dans 70% des cas et dans la grande majorité des affections respiratoires basses
Asthme du nourrisson : asthme rencontré chez les nourrissons âgés de 1 mois à 2 ans, qui n’évoluera pas forcément vers un asthme de l’enfant ou de l’adulte
Tabagisme passif : c’est le fait de respirer, de façon involontaire, la fumée produite par un ou plusieurs fumeurs.